Abidjan, Côte d’Ivoire Le top 10 des lois les plus violées.

17 octobre 2017

Abidjan, Côte d’Ivoire Le top 10 des lois les plus violées.

L’ivoirien à un problème avec les règles, les lois!

Il existe des top-listes dans tous les domaines. Les meilleurs ceci, les pires cela, les plus ceci, les moins cela, etc.

Faisant un tour dans les rues d’Abidjan, je me suis amusé à constater, ce que je qualifie (sans être un expert en droit) de violation de la loi. J’en ai tellement eu ma dose que j’ai décidé d’en faire un top : Le Top 10 des lois les plus violées en Côte d’Ivoire.

Mon intention ici est de montrer comment les citoyens, les ivoiriens et habitants de ce pays, foulent au pied les lois, réglementations et interdictions au vu et au su de l’Etat et cela n’émeut personne. L’ivoirien a un problème avec les règles.

L’incivisme de la population fait face au mutisme de l’autorité étatique qui a troqué son droit à la « violence », à la coercition contre du verbiage creux. Comme on le dit dans mon quartier, « l’Etat c’est comme un tailleur, toujours prêt à prendre des mesures mais jamais à coudre (appliquer)». Ceux qui ont trouvé la devise de ce pays (Union-Discipline-Travail) doivent aujourd’hui retourner dans leurs tombes car la nouvelle devise semble être : Union-Indiscipline-Travail (pour le premier et dernier mot, nous y reviendront prochainement).

Trêve de bavardages, allons à l’essentiel…

1- Le code de la route

A ce niveau, ai-je vraiment besoin d’expliquer ? Rendez-vous au carrefour liberté (carrefour très connu d’Adjamé, dans le centre d’Abidjan), ou la SIPOREX (Yopougon, Nord d’Abidjan) ou simplement prenez l’autoroute de Bassam (ancienne capitale de la Côte d’Ivoire, à quelque Kilomètre au Sud d’Abidjan). Les infractions se font la concurrence devant l’amateurisme, le manque d’équipement, la complicité (je n’ose dire la corruption) des agents de la circulation. Dépassement et parking hasardeux (la course aux clients), les queux de poissons, le mauvais état des véhicules (où font-ils leur visites techniques ceux-là), surcharge, etc. bref ! Allez-y. et si vous ne vous êtes pas fait renverser, revenez qu’on en discute…

2- L’interdiction des sachets plastiques

Le décret N°2013-327 du 22 mai 2013 portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation, de la détention et de l’utilisation du sachet plastique est pourtant clair mais bon, chacun fait ce qu’il veut (crédit photo: Le club de la raison)

Grand carrefour de Koumassi, 21 oct 2017 (photo Le Club de la raison)
VGE au niveau d’ancien Koumassi, 21 oct 2017 (photo le club de la raison)

3- L’occupation anarchique des espaces publiques

Je vous renvoie à mon article. La rue, chacun y fait ce qu’il veut. D’ailleurs ne dit-on pas « espaces publics » ? Alors c’est pour nous, c’est pour tout le monde. Chacun peut y faire ce dont il a envie !!!

4- Les klaxons abusifs !

Je ne sais pas si le klaxon est réglementé par le code de la route mais je sais qu’est passible d’une amende de 10.000 francs à 500.000 francs quiconque fait usage dans les agglomérations et aux environs des hôpitaux et des écoles, d’avertissement sonores en dehors des cas de danger immédiat, d’après la loi n° 96-766 du 13 octobre 1996 portant code de l’environnement, à son article 103, alinéa 1er .

A moins que circuler dans les rues d’Abidjan soit « danger immédiat », je ne comprends pas cet amour pour le klaxon. Gare à vos tympans si vous vous retrouvez surtout dans les carrefours cités au TOP 1.

5- Les nuisances sonores.

Les articles 11 et 12 du décret N°2016-791 du 12 octobre 2016 portant règlementation des bruits de voisinages stipule que

« Article 11- Aucun bruit ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité et sa vibration, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé, qu’une personne en soit elle-même à l’origine ou que ce soit par l’intermédiaire d’une personne ou d’une chose dont elle a la garde ou d’un animal placé sous sa responsabilité.

Article 12- Toute manifestation bruyante susceptible de produire des émissions sonores de niveau supérieur aux normes indiquées à l’article 5 du présent décret est an préalable soumise à autorisation de l’autorité administrative compétente de la zone d’accueil dudit événement… »

Tous ces maquis, ces mosquées, ces églises, ces fêtes d’anniversaire, de baptêmes et autres, qui nous empêchent de dormir sont-ils autorisés ? D’ailleurs qui contrôle les autorisations ? Personne ! Absence de contrôle et égale à Absence de contrainte donc : on s’en fout.

6- L’abandon des véhicules dans les rues

La rue ou l’espace public n’est pas un parking ! Combien de fois dont-on le dire ? L’article 39 du décret N°64-212 du 26 mai 1964, portant réglementation de l’usage de la voies routières ouvertes à la circulation stipule « il est interdit de laisser abusivement un véhicule ou un animal stationner sur une route ». Alors tous ces véhicules laissés à l’abandon dans les rues d’Abidjan, ce n’est pas abuser ? Ou bien personne ne voit ? Ou les rues ne sont pas des voies routières ouvertes à la circulation ? Je ne suis pas un expert mais je suppose qu’il y a quelqu’un, une autorité, une entité, chargé du suivi sauf si l’Etat encore une fois ne voit rien !

7- Les ordures ménagères

Les articles 100 et 102 de la loi N°96-766 du 03 octobre 1996 portant code de l’environnement sont très clairs. Je ne vous donne pas le contenu de ces articles car au-delà de toute loi, tout le monde devait savoir que LA RUE N’EST PAS UNE POUBELLE. Mais bon, l’ivoirien a un problème avec les règles de toutes manières.

Faites un tour dans les rues d’Abidjan, vous verrez ! Les opérations grand-ménages comme celui dont parle l’article RFI, lancées à chaque fois en disent long sur le phénomène.

8- Les plaques d’immatriculation fantaisistes

Il y a les uns, les autres et les etc. dans ce pays. Il y a ceux qui font la loi (les uns), ceux à qui la loi ne s’appliquent pas (les autres) et les millions de etc. à qui la loi s’applique. Parce que je suis chanteur et j’ai pour ami le ministre « de la pluie et du beau temps), j’ai une plaque à mon nom tout seul ! Rien que ça. Et ils ne s’en cachent pas ! Ils sont partout sur facebook et dans nos rues.

9- Les montants des cautions et avances pour la location des maisons

L’article du site connectionivoirienne.net qui date du 12 juillet 2017 est très explicite sur ce sujet. Et c’est tout le contraire qui s’applique sur le terrain. Mais bon, personne ne voit une fois encore ! D’ailleurs, qui contrôle ? Donc on s’en fout !

10- L’affichage illégal.

L’article 104 de  loi n° 96-766 du 13 octobre 1996 portant code de l’environnement puni d’une amende tout affichage sur un immeuble sans l’autorisation du propriétaire. Alors les propriétaires d’immeuble à Abidjan doivent se remplir les poches à mon avis.

Je termine ce top 10 en passant sous silence certaines infractions comme le code minier avec les orpailleurs clandestins, la piraterie avec les CD partout en vente libre, certains individus qui prennent les rues pour des toilettes (interdit de pisser, amende coup de poing) l’interdiction de fumer dans les espaces publics et le téléphone au volant même si pour ce dernier élément, il faut reconnaître l’attention particulière de nos autorités. Ce n’est qu’un classement parmi tant d’autres que chacun peut faire et ce n’est basé que sur mon sentiment personnel, rien de scientifiquement prouvé !

 

L’intention ici n’est pas d’accuser l’Etat ni qui que ce soit mais d’attirer l’attention. Si la discipline fait partie de notre devise dans ce pays, il est temps de le montrer car l’ivoirien a vraiment un problème avec les règles, la loi. Il est temps aussi que l’Etat fasse son travail car s’il est seul dépositaire de la force, c’est qu’il a donc les moyens de faire respecter la loi.

En bonus, je vous laisse cette vidéo. Juste à côté d’un pont piéton, au dessus d’une autoroute à très grande circulation, voilà ce que font les ivoiriens… Et même au péril de sa vie, l’ivoirien a un problème avec les règles!

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